rechercher

Coin presse

La progression dramatique du jobbik

En Août, l’hebdomadaire hongrois d’information générale „HETEK” a envoyé des journalistes pour faire un reportage sur un festival de musique, organisé par l’extrême-droite. Ils ont été accueillis à l’entrée du site par des hommes munis de fouets. Les organisateurs ont proféré des menaces de mort à l’encontre des journalistes accusés d’être des „sales libéraux”. Ils ont demandé à des responsables de la sécurité de les suivre pour les empêcher de couvrir l’événément.

L’année dernière, d’autres journalistes avaient subi ce même type de traitement lors de ce festival de musique organisé chaque année par les ultra-nationalistes où ils ont été forcés de porter des gilets salis par des excréments de chien. Des hommes masqués les ont accueillis avec de fausses armes à feu et des épées,  tout en criant en allemand: "Deine Papiere, Jude!" ("Vos papiers, Juifs!").

L’épreuve des journalistes de HETEK reflète bien la dérive dramatique de la Hongrie vers le néofascisme, dont les origines remontent aux protestations anti-gouvernementales de 2006. Auparavant, il y avait déjà eu des manifestations antisémites et racistes, telles que des actes de vandalisme dans les cimetières. Cependant, depuis 2006, le mouvement néo-nazi est devenu plus audacieux et agressif, pour mener des attaques violentes et parfois meurtrières contre les Tsiganes (Roms) et les Juifs notamment pendant la Pâque. Des pierres ont été jetées à plusieurs reprises sur les synagogues et sur les maisons des rabbins, des milices ont organisé des marches en tout lieu dans tout le pays pour intimider la population locale.

Ce renouveau de l’extrême-droite coïncide avec l'émergence sur la scène politique du parti politique Jobbik, qui a remporté trois sièges au Parlement européen en 2009 et a obtenu 17% des voix lors des élections parlementaires hongroises. En 2010, Gabor Vona, le chef de file du parti, a comparé sa campagne électorale  au «combat d'un Palestinien, avec une fronde contre un hélicoptère de guerre israélien».

Le principal message du parti était que "la Hongrie n’appartient qu’aux Hongrois." En 2010, ils ont lancé la guerre contre les «criminels tsiganes»,  en voulant les priver de leur nationalité et les mettre dans des «camps spéciaux». Beaucoup de gens de la société hongroise sont réceptifs à de telles élucubrations anti-tsiganes et antisémites, ce qui a créé une plate-forme politique efficace pour le Jobbik.

"L'occupation israélienne" est un autre slogan populaire dans le dictionnaire abrégé  du Jobbik. La Société post-communiste hongroise est toujours réceptive à l’image de l'époque soviétique qui représentait  l'Etat d’Israël comme un méchant avant-poste de l’impérialisme occidental. Vona a promis plusieurs fois que, si son Parti gagnait les élections, il  allait déjouer tous les plans "des Juifs pour l’acquisition de biens immobiliers."

Lors d’un récent rassemblement du Jobbik en face de la résidence privée du Premier ministre à l’époque Gordon Bajnai, le Président Vona a insisté sur le fait que depuis 2004, un «holocauste hongrois» se poursuit. Il s’insurge du fait que les étrangers  cherchent à nous exproprier de nos maisons et de nos voitures (1). Certaines personnes ont déjà lancé un appel d'offres en vue de la liquidation de la Hongrie. Par «étrangers»,  il a expliqué qu'il faisait allusion à des «acheteurs israéliens».

Pendant ce même rassemblement politique, Krisztina Morvai, députée du Jobbik au Parlement Européen et ancienne candidate à la Présidence de la République, a dit qu'elle avait reçu beaucoup d'encouragements au cours d'une récente conférence palestinienne "En exprimant l'amour chrétien.... j'ai rencontré beaucoup de palestiniens, de bons combattants, des membres du Hamas et des dirigeants du Hezbollah, qui m'ont  beaucoup encouragée».

En s’adressant à un forum local, Levente Murányi, Vice-président du Jobbik, a qualifié la  nouvelle interdiction de la négation de l'Holocauste comme une "loi muselant l’opinion", ajoutant: «Il est étonnant avec quelle impertinence les gens osent dire qu'il y a ici de l'antisémitisme. Eh bien, il n'y en a pas encore, mais le besoin s’en fait sentir.».

Quand un journaliste lui a demandé: «Alors,  vous êtes un nazi?" Il a fièrement accepté le titre. "Un nazi, un fasciste et un antisémite, si cela est nécessaire pour représenter les véritables intérêts hongrois."

Lóránt Hegedus, un pasteur calviniste connu pour ses débordements racistes, a aussi affirmé que le Mossad israélien recevait l'aide de l'État hongrois, non seulement pour maintenir son «système d'apartheid» dans son propre pays, mais aussi pour faciliter la conquête de la Hongrie sous la direction de Shimon Peres. Lors d’un rassemblement public  du Jobbik, il a déclaré que ce sont les églises hongroises qui sont à la tête de ce complot, ensemble avec le «clergé» des institutions juives hongroises. Il les accuse «de se frotter les mains comme Pilate pour essayer de faire taire ceux qui pensent différemment d’eux tout en gardant leur dignité de victimes de l'Holocauste et insulter les victimes d'aujourd'hui (...) justifiant l'injustifiable, c’est-à-dire le génocide commis à Gaza par l'armée israélienne».

(1) A cause du surendettement des ménages de des entreprises en devises étrangères, beaucoup de Hongrois se retrouvent exproprier de tous leurs biens

En 2007, un groupe paramilitaire d'extrême droite du nom de la "Garde hongroise" a été fondé par Gabor Vona, actuellement Président du parti Jobbik, avec 56 membres. Depuis, il s’est scindé en deux et a été interdit par les tribunaux, mais continue de rester d’actif. La milice a changé de nom et d’uniforme, mais sa mission et son esprit sont restés les mêmes. Sur  l’uniforme interdit, on pouvait voir la bannière d’Árpád, une bannière blanche striée de rouge, à savoir le drapeau des Croix gammées, utilisé par ce parti collaborant avec les nazis qui a tué des milliers de personnes et a organisé les déportations requises pendant la Seconde Guerre mondiale. Les membres de la Garde Hongroise sont extrêmement anti-tsiganes et antisémites.

Andras Draskovics, Capitaine régional de la Garde hongroise a déclaré croire que le monde est gouverné par les Juifs. Selon lui: «les Juifs n’ont seulement besoin que de deux milliards de personnes; les quatre autres milliards sont superflus.» Ce reste, dit-il, sera «pulvérisé». Il a également affirmé que les récits rapportés sur Auschwitz et  Buchenwald ne sont pas vrais.

Mátyás Dosa, Capitaine de la nouvelle milice dissidente,  "Mouvement Défenseur de la Garde hongroise», a organisé un défilé anti-Holocauste en Mars 2009 dans le château de Buda un jour avant le défilé du mouvement «Marche pour la vie» /Ndt: commémorant l’Holocauste/ à Budapest. En tant que dirigeant de la manifestation, il a déclaré que «l'Holocauste est un mythe» et a salué sa propre action comme une «lutte contre la domination sioniste mondiale».

Le Jobbik soutient à la fois cette sous-culture extrémiste et la Garde hongroise. Il a signé des accords  avec de nombreuses autres organisations radicales avant les élections. Un juriste, membre du Jobbik, a créé l’infâme  «Ile Hongroise» un festival annuel au cours duquel sont organisées des épreuves  traditionnelles hongroises, ainsi que des conférences dont certaines portaient sur la négation de l’identité juive de Jésus, d’autres sur le complot juif mondial. De nombreux incidents violents ont eu lieu lié au festival de l’Ile hongroise contre la population locale des Roms et les représentants des médias. Ils ont invité en 2010 au festival des groupes skinhead, racistes et  ouvertement antisémites, ainsi que Roberto Fiore, homme politique néo-fasciste italien, qui a déjà été condamné pour actes de terrorisme.

Cette sous-culture xénophobe a également donné naissance à ses propres médias extrémistes. Le journal du Jobbik «Barikad» est connu pour sa nostalgie déclarée de l'époque nazie. L’Hebdomadaire, promeut à la fois les thèmes classiques et modernes de l’antisémitisme. Sur la couverture d'un numéro du journal paru en Mars, figurait l’Evêque Gellért qui est connu pour ses missions de christianisation de la Hongrie au Xème siècle. Sa grande statue se trouve sur une colline surplombant le centre de Budapest. Il a été montré tenant dans sa main un chandelier  au lieu d'une croix, avec la légende suivante: «Réveille-toi Budapest! C’est ce que tu veux?»  Le journal a continué à dénoncer

«l'occupation juive» de Budapest, affirmant que ce sont les Israéliens qui occupent la terre hongroise.

En outre, il existe de  nombreux sites internet néo-nazis où les auteurs profèrent les formes les plus extrêmes du discours de la haine, allant à reprendre les accusations traditionnelles de messes sanguinaires tenues par les Juifs jusqu’aux clichés antisémites contemporains.

Le Jobbik a été un agent catalyseur de l'antisémitisme et du racisme en Hongrie depuis la chute du nazisme. Son succès est alimenté par la réceptivité d’un certain segment de la société hongroise tandis que l'indifférence caractérise les autres segments.  La Hongrie doit s'investir davantage dans l'éducation pour lutter contre ce phénomène. Une étude récente montre que seulement 2% des Hongrois ont une connaissance approfondie de l'Holocauste.

La Hongrie devrait également soutenir les organisations non gouvernementales qui luttent contre le racisme et l'antisémitisme. Il n’y a que quelques ONG qui se soucient vraiment de l'aggravation de la situation. Parmi elles, on trouve l’Eglise de la Foi, dont le dirigeant, le  Pasteur Sandor Németh,  donne des conférences hebdomadaires à la télévision et intervient régulièrement dans la presse,  pour défendre une vision chrétienne tolérante. En 2009, le Congrès Juif mondial et là  la Commission parlementaire pour les relations judéo-chrétienne de la Knesset ont tous deux honoré Németh pour son combat constant contre l'antisémitisme en Hongrie.

Laszló Molnár est étudiant à l'Université hébraïque de Jérusalem, et travaille actuellement sur une étude dont le titre est «la montée du néofascisme en Hongrie», son pays natal.

Source: Jerusalem Post - 2010

 A cause du surendettement des ménages de des entreprises en devises étrangères, beaucoup de Hongrois se retrouvent exproprier de tous leurs biens

Laci Molnar is a visiting student at the Hebrew University in Jerusalem, and is presently working on a thesis outlining the rise of neo-Facism in his native Hungary.

Source: Jerusalem Post

© 2013 Église de la Foi, Tous Droits réservés
Les informations se trouvant sur le site sont protégés par les droits d'auteur et ne peuvent être utilisées qu'avec l'accord préalable par écrit de l'Église de la Foi.